Les liens entre l’aviation d’affaires et l’aviation militaire sont nombreux. Et si certains constructeurs aiment mettre en avant des éléments tirés de leurs avions de combat et intégrés dans leurs jets d’affaires, il existe une relation réciproque. En effet, certains avions développés pour des voyages exclusifs se retrouvent dans la flotte de diverses forces aériennes, et pas seulement pour le transport de personnel. Mais qu’est-ce qui fait des avions d’affaires de si bonnes plateformes militaires ?
Les fabricants ont l’habitude de transformer les avions de ligne en avions militaires. Cela a commencé avec des appareils comme le Comet de Havilland, qui est devenu l’avion de patrouille maritime Hawker Siddeley Nimrod à la fin de sa vie civile. Il y a également eu le Boeing 707, et l’avion d’alerte et de contrôle aéroporté Boeing E-3 Sentry est encore largement utilisé.
La cellule d’un avion commercial permet aux militaires de disposer d’une capacité à long rayon d’action et d’une cabine suffisamment grande pour accueillir les équipements nécessaires. L’enfant-vedette de ces caractéristiques n’est autre que le Boeing 747. La reine des cieux a donné naissance à une pléthore de variantes militaires, dont le poste de commandement aéroporté E-4B, familièrement appelé « avion de l’apocalypse », et l’emblématique VC-25, utilisé comme Air Force One par l’armée de l’air américaine (USAF) pour transporter le président des États-Unis. Les 4 000 pieds carrés de la cabine du 747 offrent suffisamment d’espace pour accueillir de nombreuses commodités, notamment les quartiers présidentiels (avec une salle de sport), une salle de crise, une salle médicale et même une salle d’opération.
Cependant, au cours de la dernière décennie, les militaires ont manifesté un intérêt accru pour un autre domaine de l’aviation civile : l’aviation d’affaires.
Les similitudes entre certains jets militaires et d’affaires sont telles qu’il n’est pas toujours facile de les distinguer.
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Tôt le 27 janvier 2020, on a appris qu’un avion s’était écrasé dans la province orientale de Ghazni, au sud-ouest de Kaboul, la capitale de l’Afghanistan. Les premiers rapports n’étaient pas clairs quant au type d’avion impliqué. Finalement, le bureau du gouverneur local a déclaré que l’avion était un « avion appartenant à la compagnie aérienne Ariana Afghan Airline ». Cependant, le PDG de la compagnie nationale a démenti, affirmant que tous les avions ont été retrouvés.
Une fois que des photos et des images du site du crash sont apparues en ligne, la raison de ce malentendu et de cette confusion est devenue claire : l’avion impliqué était en fait un avion relais de communication Northrop Grumman E-11A de l’USAF.
Basé sur le Bombardier Global Express 6000, le E-11A est un relais de communication aéroporté, transmettant des informations critiques d’une unité militaire à l’autre, grâce à un système BACN (Battlefield Airborne Communication Node) développé par Northrop Grumman. À l’exception de la cocarde de l’USAF sur chaque nacelle de moteur, il était difficile de distinguer cet avion hautement spécialisé d’un avion d’affaires ordinaire.
Avec la miniaturisation toujours plus poussée de l’électronique, le besoin de grandes cabines pour accueillir les équipements nécessaires aux missions d’observation ou de communication a diminué. De même, les progrès de la technologie des moteurs signifient que l’autonomie des avions d’affaires a atteint un point où des avions plus grands avec des moteurs plus puissants sont superflus.
Par conséquent, les contrats pour des avions stratégiques basés sur des cellules de jets d’affaires ont fleuri ces dernières années.
Le Bombardier Global Express 6000 est l’un de ces succès. Outre l’E-11A mentionné plus haut, le jet a également été converti par Raytheon en un avion de surveillance du champ de bataille pour la Royal Air Force : le Sentinel R.Mk-1.
Plus récemment, Saab a transformé le jet de Bombardier en une plate-forme d’alerte précoce et de contrôle (AEW&C) pour les Émirats arabes unis, donnant ainsi naissance au GlobalEye. Le premier appareil a été livré le 29 avril 2020. Pour tenter de faire pencher la balance en sa faveur dans l’appel d’offres en cours pour l’acquisition de chasseurs finlandais, Saab a proposé à la Finlande deux avions GlobalEye en plus de ses chasseurs Gripen.
Mais les avions basés sur Bombardier ne sont pas seuls sur ce marché de niche.
Depuis 1995, l’armée de l’air suédoise utilise deux S102B « Korpen », une paire de jets d’affaires Gulfstream IV convertis pour des missions de renseignement électromagnétique (SIGINT). On peut régulièrement voir ces appareils patrouiller au-dessus de la mer Baltique, au large de l’enclave russe de Kaliningrad.
En janvier 2020, la Direction générale de l’armement (DGA) a attribué le programme de renseignement stratégique aéroporté Archange à Dassault Aviation et Thales. Dans le cadre de ce programme, trois Falcon 8X de Dassault seront équipés des technologies de renseignement électronique de Thales.
Le Falcon 8X remplacera le gros avion Transall C-160G Gabriel. Non seulement le jet d’affaires est plus petit et plus léger, mais il est également deux fois plus rapide, avec une vitesse de 980 kilomètres par heure (609 miles par heure) contre 513 kilomètres par heure (319 miles par heure) pour le C160. En outre, il offre une autonomie supérieure de 11 950 kilomètres (7 425 miles), contre 8 858 kilomètres (5 504 miles) pour son prédécesseur.
Cette tendance devrait se poursuivre.
En juillet 2021, alors que le programme MAWS (Maritime Airborne Warfare Systems) envisagé par la France et l’Allemagne semble sur le point de s’effondrer, Dassault propose avec enthousiasme au gouvernement français de transformer son nouveau Falcon 10X en avion de patrouille maritime.
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Une fois de plus, le saut technologique serait énorme, puisque 56 ans séparent le Dassault-Breguet Br.1150 (Atlantique 2) actuellement en service dans la Marine Nationale, et le Falcon 10X, le dernier né de la famille des avions d’affaires Falcon et le plus grand avion d’affaires du constructeur français à ce jour.
Toutefois, pour remplacer pleinement l’Atlantique 2, le Falcon 10X devrait être équipé d’un ensemble d’armes anti-sous-marines, notamment des torpilles, des grenades et des missiles. L’armement d’un avion d’affaires marquerait une nouvelle étape dans la polyvalence de ces plateformes.
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