Confronté à des pertes financières, Boeing envisage de vendre sa division spatiale, y compris le programme Starliner, pour recentrer ses activités.
Boeing traverse une crise financière majeure, accentuée par des retards et des dépassements de coûts dans ses programmes spatiaux et de défense. Le programme Starliner, conçu pour transporter des astronautes vers l’ISS, a connu de nombreux échecs, poussant Boeing à envisager sa vente pour alléger sa situation financière. Le nouveau PDG, Kelly Ortberg, privilégie un recentrage stratégique sur des projets clés. La vente de programmes non prioritaires comme Starliner permettrait à Boeing de stabiliser ses finances et de se concentrer sur des initiatives centrales comme le Space Launch System (SLS), essentiel pour les missions lunaires de la NASA.
Crise financière et choix stratégique : Boeing redéfinit ses priorités
Depuis plusieurs années, Boeing fait face à une crise financière majeure. La société est impactée par des retards constants et des coûts exponentiels dans ses divisions de défense et espace, auxquels s’ajoute une grève prolongée des machinistes affectant sa production d’avions commerciaux. Ces difficultés financières sont d’autant plus préoccupantes que les programmes de défense et spatiaux étaient censés compenser la baisse des ventes dans l’aviation civile, secteur déjà en difficulté depuis la pandémie de COVID-19.
La perte de compétitivité du programme Starliner incarne ces défis. Conçu pour concurrencer le vaisseau Crew Dragon de SpaceX, Starliner a été initialement lancé en 2014 avec l’objectif d’une première mission habitée dès 2017. Cependant, les échecs techniques se sont accumulés : le coût initial du projet a plus que doublé, atteignant environ 4,2 milliards d’euros, tandis que l’achèvement complet des missions reste encore incertain. Ce contexte pousse Boeing à réévaluer son engagement dans le secteur spatial et à envisager la vente de certaines de ses activités pour améliorer sa rentabilité.
La mise en vente de Starliner : un repositionnement stratégique
Pour alléger sa situation, Boeing envisage de se séparer de programmes moins performants, notamment Starliner, qui devait transporter jusqu’à sept astronautes vers l’ISS. Ce vaisseau, qui devait initialement offrir une alternative aux capsules russes Soyouz, a rencontré de nombreux obstacles techniques. Le dernier échec majeur, en juin 2023, a impliqué une défaillance des propulseurs lors d’un vol d’essai, rendant risquée toute mission habitée. Cet incident a coûté environ 50 millions d’euros supplémentaires pour des réparations et des tests additionnels, ajoutant encore au bilan négatif du programme.
Boeing aurait engagé des discussions pour céder Starliner, notamment avec des entreprises comme Blue Origin de Jeff Bezos, désireuses de renforcer leurs capacités dans le transport spatial habité. Si ces négociations aboutissent, elles permettront à Boeing de réduire son passif financier et d’alléger une partie de ses charges opérationnelles, qui atteignent actuellement plus de 5 milliards d’euros en dépenses annuelles liées aux programmes spatiaux.
Le Space Launch System : un programme stratégique maintenu
Malgré les difficultés rencontrées, Boeing conserve des projets considérés comme prioritaires, tels que le Space Launch System (SLS), un lanceur super-lourd développé en partenariat avec la NASA. Ce programme est essentiel pour les projets d’exploration lunaire, notamment pour la mission Artemis prévue dans les prochaines années. Le SLS représente un investissement stratégique d’environ 23 milliards d’euros pour Boeing et la NASA, répartis sur plusieurs années, avec un objectif de lancer des missions régulières vers la Lune et potentiellement vers Mars.
Le maintien du SLS souligne l’approche de Kelly Ortberg, le nouveau PDG de Boeing, qui souhaite recentrer l’entreprise sur des initiatives prioritaires. Ce recentrage stratégique s’accompagne d’une rationalisation des coûts, l’objectif étant de minimiser les dépenses sur des projets non rentables et de concentrer les efforts sur des programmes à fort potentiel de rentabilité et d’innovation.
Les impacts pour Boeing et l’industrie aérospatiale américaine
La cession de Starliner et d’autres programmes pourrait marquer un tournant dans l’industrie aérospatiale américaine, où Boeing perdrait progressivement son rôle de leader dans certains secteurs. L’abandon de programmes non performants permettrait à Boeing de stabiliser sa situation financière, mais pourrait également offrir des opportunités à des concurrents comme SpaceX et Blue Origin pour renforcer leur position.
L’effet économique pourrait également se faire sentir au niveau des sous-traitants et des fournisseurs de Boeing, particulièrement dans le secteur de la défense et de l’espace, où les contrats représentent des centaines de millions d’euros par an. Pour l’État américain, un recentrage des priorités de Boeing pourrait nécessiter un soutien accru à d’autres acteurs pour garantir la continuité des programmes d’exploration spatiale.
Un avenir plus restreint mais consolidé pour Boeing
Le repositionnement de Boeing est essentiel pour surmonter les difficultés financières actuelles et pérenniser les activités stratégiques de l’entreprise. En optant pour une concentration de ses efforts sur des projets comme le SLS, Boeing cherche à maximiser ses chances de succès dans les projets d’exploration spatiale, tout en réduisant les risques financiers associés aux programmes non performants.
L’avenir de Boeing dans le secteur spatial repose désormais sur une gestion plus stricte des coûts et un recentrage sur les programmes les plus rentables. Ce choix, bien que difficile, pourrait se révéler payant à long terme, permettant à l’entreprise de préserver son rôle de partenaire de confiance pour la NASA et de se repositionner sur des projets où elle détient un avantage compétitif.
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