David Cameron a lancé une campagne de lobbying agressive pour vendre des avions de combat Eurofighter Typhoon aux EAU, renforçant ainsi l’espoir des Britanniques que BAE Systems puisse arracher un contrat de 10 milliards de dollars à son rival français.
Le Premier ministre doit se rendre dans le Golfe avant le salon aéronautique de Dubaï la semaine prochaine, le gouvernement étant optimiste quant à la victoire du Typhoon, construit par BAE, EADS et Finmeccanica, et financé par le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
« Les choses se présentent bien pour nous. La question est de savoir s’il peut être signé à Dubaï ou s’il faudra un coup de pouce de dernière minute pour nous faire franchir la ligne », a déclaré un conservateur de haut rang.
La dernière visite de M. Cameron aux EAU remonte à un an, lorsqu’il a obtenu l’engagement d’Abu Dhabi d’envisager l’achat de 60 Typhoon pour un montant d’environ 10 milliards de dollars.
Cet engagement a été considéré comme une percée, car la France a fait pression pendant des années en faveur de l’avion Rafale de Dassault. En 2009, le président français Nicolas Sarkozy a ouvert une base aéronavale aux Émirats arabes unis dans l’espoir qu’elle contribue à la conclusion de l’accord sur les avions de combat.
Mais les négociations exclusives entre Dassault et Abu Dhabi se sont heurtées à des difficultés concernant le prix du Rafale et la puissance de son moteur, donnant ainsi au Typhoon une chance de rivaliser.
« M. Cameron a multiplié les appels téléphoniques et les pressions d’une manière que même ses détracteurs considèrent comme allant au-delà de son devoir », a déclaré Francis Tusa, rédacteur en chef de Defence Analysis, notant que l’Arabie saoudite et Oman avaient commandé des Typhoon et que Bahreïn avait exprimé son intérêt. Les dirigeants de BAE estiment que le fait de remporter les Émirats arabes unis pourrait les aider à conclure d’autres contrats dans la région avec le Qatar et le Koweït.
Pour la France et Dassault, une défaite aux EAU serait un revers cuisant. Le Rafale dépend de la France pour sa survie, mais Paris ne peut plus se permettre d’assumer seule le coût annuel de 1,5 à 2 milliards d’euros pour maintenir la production et a réduit de moitié sa commande. Toutefois, l’arrêt de la production du Rafale mutilerait l’industrie aérospatiale militaire française et compromettrait l’influence diplomatique et militaire que lui confère le fait d’être l’un des rares pays à pouvoir compter entièrement sur ses propres équipements.
L’année dernière, le Rafale a reçu une bouée de sauvetage de l’Inde, qui l’a préféré au Typhoon. Mais cet accord n’a pas encore été signé et certains cadres de BAE sont convaincus qu’il va s’effondrer, donnant à Eurofighter une chance de revenir dans le jeu.
M. Cameron se rendra en Inde avant de s’envoler pour le Golfe, mais on lui a demandé de ne pas vanter le Typhoon de peur d’insulter New Delhi. Ayant vendu son avion d’entraînement Hawk à l’Inde, BAE sait que les négociations peuvent durer plus de dix ans et que New Delhi a l’habitude de changer d’avis. Les dirigeants de l’entreprise ont clairement indiqué qu’ils seraient prêts à baisser le prix du Typhoon, mais ils attendent tranquillement sur les lignes de côté au cas où les négociations de Dassault rencontreraient des difficultés.
Une commande d’Eurofighter par les EAU renforcerait sa position en Inde, non seulement parce que « tout le monde aime un gagnant », comme l’a dit un analyste, mais aussi parce que cela signifierait un financement suffisant pour que le Typhoon intègre la nouvelle génération de radar que tous ses clients potentiels à l’exportation exigent.
Il garantirait également des milliers d’emplois au Royaume-Uni en prolongeant la chaîne de production de l’Eurofighter de 2017 à la prochaine décennie, assurant ainsi une capacité technique que le gouvernement britannique considère comme essentielle à la sécurité nationale.
Ce serait un contraste bienvenu avec la semaine dernière, lorsque BAE a mis fin à la construction navale à Portsmouth en raison du manque de demande pour ses navires de guerre.
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