La Pologne envisage d’étendre sa flotte d’avions de combat, alimentant ainsi une rivalité entre les fournisseurs américains et européens. Les implications géopolitiques et industrielles pourraient avoir des conséquences durables sur l’équilibre des forces en Europe.
L’appétit polonais pour les avions de combat : contexte actuel
La Pologne, anticipant la réception des premières unités de sa commande de 32 F-35 de 2020, envisage maintenant d’accroître sa flotte d’avions de combat avec 32 avions supplémentaires, comme l’ont indiqué les responsables de la défense polonaise. À l’heure actuelle, la Pologne possède 48 F-16, a commandé 32 F-35, et prévoit de recevoir 48 FA-50.
Mariuz Błaszczak, ministre de la Défense nationale, déclarait récemment à Radio Dla Ciebie : « Ce n’est pas suffisant, nous avons besoin d’au moins deux escadrons supplémentaires… de multi-rôles. Nous travaillons sur le choix de l’avion. »
Les impératifs sécuritaires post-invasion de l’Ukraine
Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, la Pologne, à l’instar de nombreux autres pays de la région, a intensifié ses efforts pour moderniser son armée. Pour assurer une capacité opérationnelle suffisante à son armée de l’air, il est impératif de pouvoir contrer les bombardiers Su-34 et les chasseurs Su-35 de la Russie. D’où l’importance cruciale des avions conçus pour établir une supériorité aérienne.
Les options sur la table : Eurofighter Typhoon vs F-15EX Eagle II
Tomasz Smura, directeur du programme à la Fondation Casimir Pulaski basée à Varsovie, identifie deux options viables sur le marché : l’Eurofighter Typhoon et le F-15EX Eagle II. L’Eurofighter est produit par un consortium européen dirigé conjointement par Airbus, BAE Systems UK et Leonardo (Italie). D’autre part, le F-15EX est fabriqué par Boeing.
Boeing met en avant l’importance de la supériorité aérienne, leçon tirée du conflit ukrainien. Si la Pologne optait pour le F-15EX, Tim Flood de Boeing estime que cet avion serait une « combinaison parfaite » avec les F-35 déjà commandés.
L’influence des relations politiques et économiques
L’historique des achats polonais révèle une préférence pour les systèmes américains, comme en témoignent les commandes récentes de chars M1A1 et M1A2 Abrams ainsi que l’approbation de la vente d’hélicoptères AH-64E Apache. Toutefois, un gouvernement polonais plus pro-européen pourrait potentiellement changer la donne.
En concurrence avec Boeing, l’Eurofighter tente depuis des années de pénétrer le marché polonais. Costa Panvinirosati, responsable du marketing pour l’Eurofighter chez Leonardo, voit en la Pologne une « très bonne » opportunité. Leonardo mise sur ses liens existants avec la Pologne et les avantages potentiels d’un avion européen.
Implications industrielles
Au-delà de la seule acquisition d’avions, l’aspect industriel est crucial. Les Européens sont généralement plus enclins à transférer des technologies. Cette coopération pourrait faciliter des projets futurs comme le « Tempest ». Leonardo, bien qu’italienne, a une forte présence en Pologne et envisage de produire des hélicoptères AW149 sur place.
Une décision lourde de conséquences
La Pologne se trouve à un carrefour stratégique. Le choix des avions de combat n’est pas seulement militaire, mais également géopolitique et industriel. La décision finale aura des répercussions non seulement sur la puissance aérienne de la Pologne, mais aussi sur son positionnement dans le paysage sécuritaire européen et mondial.
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