La Russie vise à lancer 2 600 satellites d’ici 2036, mais des défis technologiques et économiques rendent cet objectif ambitieux.

La Russie a annoncé son intention de mettre en orbite environ 2 600 satellites d’ici 2036, avec un accent particulier sur les satellites de communication du projet Sfera. Ce projet vise à concurrencer les constellations américaines et britanniques, mais des défis importants subsistent. Les sanctions économiques, la capacité de production actuelle limitée et la dépendance aux composants importés posent des obstacles significatifs. Malgré des investissements importants, l’objectif de Roscosmos semble ambitieux compte tenu des réalités technologiques et industrielles actuelles.

L’objectif ambitieux de Roscosmos

En 2024, la Russie a annoncé un plan ambitieux visant à placer environ 2 600 satellites en orbite d’ici 2036. Cet objectif, présenté par Yury Borisov, le directeur de l’agence spatiale russe Roscosmos, vise à renforcer la position de la Russie dans le domaine des communications et de l’observation spatiale. Le projet Sfera, en particulier, a pour but de déployer des satellites de communication analogues aux constellations Starlink et OneWeb. Initialement, le projet prévoyait de lancer plus de 600 satellites, mais les contraintes budgétaires ont réduit cet objectif à 360 satellites, bien que Borisov affirme que le véritable besoin est d’au moins 1 200 satellites.

Les défis budgétaires et industriels

Le financement du projet est un défi majeur. Le gouvernement russe a approuvé un budget de 180 milliards de roubles (environ 2 milliards d’euros) pour le lancement de 162 satellites. Cependant, jusqu’à présent, seulement 95 milliards de roubles ont été alloués. Un plan stratégique pour le développement du secteur des communications jusqu’en 2035 prévoit également le lancement de six satellites géostationnaires. Sergei Prokhorov, responsable du projet Sfera, a indiqué qu’il existe des fonds pour quatre de ces satellites.

Une capacité de production limitée

Malgré l’ambition de Roscosmos de produire au moins 250 satellites par an, la capacité actuelle de la Russie est beaucoup plus limitée. Actuellement, la Russie ne fabrique qu’environ 15 satellites par an, bien que la capacité théorique de production soit de 40 satellites annuels. Selon Pavel Luzin, expert en politique spatiale au Center for European Policy Analysis, cet objectif de production est irréaliste compte tenu des contraintes actuelles.

La Russie veut lancer 2600 satellites en orbite d'ici 2036

La dépendance aux composants importés

Un autre obstacle majeur est la dépendance de la Russie aux composants électroniques importés. Tous les satellites russes lancés depuis 2022 ont été fabriqués avec des composants occidentaux achetés avant l’imposition des premières sanctions économiques suite à l’invasion de l’Ukraine en 2014. Luzin souligne que, bien que la Russie puisse encore trouver des composants sur le marché mondial pour produire quelques satellites, elle ne dispose pas des ressources nécessaires pour en fabriquer des centaines chaque année. Les sanctions économiques exacerbent ce problème, limitant l’accès aux technologies critiques nécessaires à la production de satellites avancés.

Les priorités de production de satellites

Face à ces défis, la Russie a ajusté ses priorités en matière de production de satellites, mettant l’accent sur les satellites à double usage, c’est-à-dire ceux qui servent à la fois des objectifs militaires et civils. Parmi les priorités figurent le satellite de reconnaissance optique Razdan, un satellite radar pour la reconnaissance marine dans le cadre de la constellation Pion-NKS, ainsi que deux satellites radar, Obzor-R et Kondor, et plusieurs satellites de communication Glonass. Denis Banchenko, ancien employé de Roscosmos, a déclaré que la plupart des satellites prévus seront utilisés principalement pour des fins militaires, telles que l’intelligence, la surveillance, la navigation et les communications.

Conséquences et implications

L’objectif de la Russie de déployer 2 600 satellites d’ici 2036 comporte des implications importantes. Si réussi, ce projet pourrait considérablement renforcer les capacités de communication et de surveillance de la Russie, tant sur le plan civil que militaire. Cependant, les défis budgétaires, industriels et technologiques rendent cet objectif difficile à atteindre. La dépendance aux composants importés, exacerbée par les sanctions économiques, constitue un obstacle majeur. De plus, la capacité actuelle de production est insuffisante pour répondre à l’objectif annuel de 250 satellites.

La Russie devra investir massivement dans le développement de sa capacité de production nationale et trouver des solutions pour surmonter les contraintes imposées par les sanctions. Des partenariats internationaux, potentiellement avec des pays non alignés sur les sanctions, pourraient également jouer un rôle crucial. Par ailleurs, l’accent mis sur les satellites à double usage reflète l’importance stratégique accordée par la Russie à l’intégration des capacités civiles et militaires dans son programme spatial.

Perspectives futures

L’avenir du programme spatial russe dépendra de la capacité de Roscosmos à surmonter les défis actuels. Les investissements dans la recherche et le développement, la formation de la main-d’œuvre et l’innovation technologique seront essentiels pour atteindre les objectifs ambitieux fixés. En outre, la capacité de la Russie à naviguer dans le paysage géopolitique et à établir des partenariats stratégiques influencera également le succès du projet Sfera.

Bien que l’objectif de 2 600 satellites en orbite d’ici 2036 soit ambitieux, il n’est pas irréalisable. Avec une planification stratégique, des investissements appropriés et une adaptation aux contraintes internationales, la Russie peut progresser vers cet objectif. Cependant, la réalisation de ce plan nécessitera des efforts soutenus et une flexibilité pour s’adapter aux évolutions technologiques et géopolitiques.

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