Les Belges ont choisis le prochain avion de chasse, et il sera…. Américain !!! Le F-35 a été préféré à la proposition anglo-allemande, et le Rafale a été écarté il y a bien longtemps déjà. Alors que l’Europe est en crise, que le Brexit gronde, que le populisme fragmente l’union, force est de constater que les pays jouent de moins en moins collectif. Et c’est encore plus fort lorsque c’est le pays qui accueille la Commission Européenne. Retour sur une bafounette belge à ses partenaires européens.
Tous les signaux vont dans le même sens: le gouvernement Michel devrait choisir dans les prochains jours ou les prochaines semaines l’avion de combat américain F-35 Lightning II pour remplacer les F-16 vieillissants de la composante Air de l’armée belge. L’attribution de ce marché de 3,6 milliards de dollars était initialement attendue en juillet avant le sommet de l’Otan à Bruxelles. Elle a été repoussée dans un premier temps à cause d’une querelle sur la prolongation possible de la durée de vie des F-16, puis en raison des élections communales en Belgique. Deux gouvernements ont répondu dans les règles à l’appel d’offres: les Etats-Unis, qui proposent le chasseur furtif F-35 du groupe américain Lockheed Martin, et le Royaume-Uni, qui promeut l’Eurofighter du consortium éponyme, rassemblant également l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.
L’offre américaine, qui expirait formellement le 14 octobre, semble avoir été prolongée de deux semaines, jusqu’à la fin du mois d’octobre. Après deux conseils ministériels restreints, l’un le 4 octobre et le second mercredi dernier, le gouvernement dispose de tous les éléments pour prendre une décision en pleine connaissance de cause. Si le choix en faveur du F-35 se confirme, cela voudra dire que l’engagement politique et public du Premier Ministre à la mi-juin à la chambre de prendre en considération l’offre française de partenariat stratégique autour du Rafale de Dassault n’aura finalement pas été suivi d’effet. Le cabinet du ministre de la Défense Steven Vandeput a à plusieurs reprise indiqué qu’il ne pouvait pas signer une clause de confidentialité sur l’offre française, car cela mettrait la Belgique dans une position juridique délicate qui impliquerait une négociation avec la France alors que la procédure d’appel d’offres lancée par le gouvernement était en cours. Un argument qui ne convainc pas les spécialistes.
« Le gouvernement belge pouvait parfaitement réceptionner et examiner l’offre française hors l’appel d’offres sans craindre des recours juridiques » avance de son côté un connaisseur. Quoi qu’il en soit, les milliers de pages de l’offre française n’ont donc finalement jamais atterri entre les mains des Belges. Seule une version extrêmement résumée aura été examinée. Les spécialistes de la Défense chargés du remplacement des F-16 – l’équipe Accap (Air Combat Capability Program) – n’auront pas davantage pu se rendre sur le terrain pour creuser les conditions d’utilisation de l’avion français, alors qu’ils ont fait le déplacement aux USA et au Royaume-Uni pour étudier de près les engagements américains et britanniques en terme de maintenance, de simulation ou d’opérationnalité. A noter qu’un autre scénario que le gouvernement avait remis sur la table en juin, celui d’une relance de l’étude des arguments en faveur d’une prolongation de l’existence des F-16, sera également resté lettre morte. Il faut dire que les arguments avancés par les spécialistes lors de la discussion sur ce sujet il y a six mois avaient montré qu’une telle option serait assez onéreuse. La Belgique est un des derniers pays européens à n’avoir pas encore pris de de décision pour le remplacement d’appareils achetés fin des années septante.
« Si cette information devait être confirmée, ce serait une catastrophe pour la souveraineté stratégique de l’Union Européenne » Il reste au gouvernement – et en particulier au Premier ministre Charles Michel – à trouver les bons arguments pour expliquer cette décision de préférence à une solution européenne. Pour le député cdH Georges Dallemagne, « si cette information devait être confirmée, ce serait une catastrophe pour la souveraineté stratégique de l’Union Européenne et pour l’industrie de la Défense européenne et wallonne ». « A la veille de la visite du président Macron en novembre, ce choix constituerait une gifle pour les relations franco-belges, et au-delà, pour tous ceux qui cherchent redonner du souffle à une Union Européenne ambitieuse. Par ailleurs, cette décision confirmerait et accentuerait pour longtemps la dépendance technologique de l’Union Européenne à l’égard des Etats-Unis » a fait valoir dans un communiqué le parlementaire centriste.
Le président français Emmanuel Macron effectuera en effet en novembre prochain une visite d’Etat en Belgique, au cours de laquelle il devrait mettre sur la table des propositions concrètes en matière d’Europe de la défense. L’attribution du marché aux Américains risque de faire un peu tache. D’autant que le président américain Donald Trump vient à nouveau de marquer un mépris certain par rapport aux Européens en décidant sans concertation et sans préavis de retirer son pays du traité sur les armes nucléaires en Europe (INF), un traité pourtant largement considéré comme une des pierres angulaires de la sécurité sur le Vieux continent.