Analyse détaillée des technologies du Sukhoi SU-57 Felon, avion de chasse russe de 5e génération : furtivité, capteurs, motorisation, armement.
Une nouvelle étape technologique pour l’aéronautique russe
Le Sukhoi SU-57 Felon incarne le projet le plus ambitieux de l’industrie aéronautique militaire russe depuis la fin de l’URSS. Conçu pour concurrencer les F-22 et F-35 américains, cet avion de chasse russe de 5e génération cumule plusieurs avancées technologiques. Toutefois, son développement, amorcé dans les années 2000, a subi des ralentissements structurels, en partie liés aux contraintes industrielles et budgétaires. Le SU-57 n’a commencé à être livré en série qu’en 2021, avec seulement quelques exemplaires opérationnels à ce jour. L’objectif officiel du ministère russe de la Défense est de disposer de 76 appareils d’ici 2028.
L’intérêt du SU-57 repose sur trois axes : furtivité, systèmes de détection avancés et capacités multirôle. Contrairement aux F-35 qui ont bénéficié d’un financement massif (plus de 1 000 milliards USD pour l’ensemble du programme), le développement du SU-57 s’est effectué dans un contexte économique plus contraint. Cette réalité se traduit dans l’architecture technologique de l’appareil : les choix effectués privilégient la simplicité de maintenance, la polyvalence des capteurs et un équilibre entre performances et coût.
La cellule du Sukhoi SU-57 Felon : furtivité et aérodynamique hybride
Le SU-57 se distingue par une cellule conçue selon des principes mixtes. L’aérodynamique reste prioritaire par rapport à la réduction de la signature radar, contrairement à l’approche américaine. Le fuselage intègre des matériaux composites pour environ 25 % de la structure. Cela permet une réduction de masse d’environ 1 100 kg, tout en diminuant l’empreinte radar. Le taux de surface radar estimé du SU-57 est de 0,3 m², contre 0,001 m² pour le F-22. Cela limite donc sa capacité à rester indétectable face à certains radars longue portée.
Les entrées d’air sont partiellement masquées, mais ne disposent pas d’un système de cache moteur type S-duct, ce qui accroît la rétrodétection radar. En revanche, la géométrie de l’appareil optimise la maniabilité. L’aile en flèche combinée aux plans canards et aux empennages mobiles permet une très grande agilité, notamment en combat rapproché. Le SU-57 est capable de voler à un angle d’attaque supérieur à 60°, et atteint une vitesse maximale de Mach 2 (environ 2 470 km/h). Le rayon de combat estimé est de 1 500 km sans ravitaillement.
L’enveloppe de vol autorise une manœuvrabilité à haute incidence, avec une charge maximale de 9 G. Ces performances visent à surpasser les chasseurs de 4e génération dans les dogfights, tout en maintenant une vitesse de croisière supersonique (supercruise) autour de Mach 1,3.
Le train d’atterrissage renforcé permet des opérations sur des pistes semi-préparées, un choix révélateur de l’approche stratégique russe orientée vers la rusticité et la dispersion des moyens.
Le système de détection et de traitement des cibles : capteurs et fusion des données
Le SU-57 repose sur un réseau de capteurs intégrés autour du système IMA BK, architecture informatique centralisée. Le radar principal N036 Byelka, développé par Tikhomirov, utilise une antenne AESA (Active Electronically Scanned Array) répartie en plusieurs modules. Il s’agit d’un réseau de plus de 1 500 modules actifs en bande X sur le nez de l’appareil, complété par deux radars latéraux en bande L.
Le radar frontal offre une portée de détection de 400 km contre des cibles aériennes classiques, et environ 150 km contre des cibles à faible signature radar. Le radar en bande L est optimisé pour détecter des appareils furtifs (comme le F-35) à longue distance, bien que sa résolution soit inférieure. Ces radars sont associés à un système optronique IRST (101KS-V) capable de repérer des cibles thermiques sur un rayon de 50 à 70 km.
Le SU-57 embarque également un système de guerre électronique intégré, comprenant des capteurs de détection radar passifs, des leurres actifs et un brouillage directionnel. Ces systèmes sont reliés à un module de traitement en temps réel qui assure la fusion des données. Le cockpit présente une interface numérique avec trois écrans principaux, un affichage tête haute et un système de vision casque.
L’objectif opérationnel est la détection passive avant engagement actif, limitant ainsi la visibilité électromagnétique de l’appareil dans les premières phases d’interception. Ce choix tactique répond à la doctrine russe de préservation de la surprise et de saturation défensive adverse.
La propulsion du SU-57 : performances et limites du moteur Saturn AL-41F1
Le principal point faible du SU-57 réside actuellement dans sa motorisation. L’appareil est livré en série avec des moteurs Saturn AL-41F1, évolution du propulseur AL-31 des SU-35. Ce moteur développe une poussée de 142 kN avec postcombustion, soit un rapport poussée/poids d’environ 1,13 pour un avion en configuration combat.
La version définitive du SU-57 doit toutefois être équipée du moteur Izdeliye 30, actuellement en phase d’essais. Ce nouveau moteur promet une poussée de 176 kN, une meilleure efficacité énergétique, une réduction de l’empreinte thermique et une durabilité accrue. Il permettra également au SU-57 de maintenir le supercruise sur des distances plus longues, avec une consommation réduite d’environ 20 %.
Le système de tuyère vectorielle tridimensionnelle permet des manœuvres extrêmes, notamment à basse vitesse, mais l’ensemble du bloc propulsif reste plus visible et plus chaud que les moteurs du F-22. Le manque de revêtement thermique avancé est un facteur limitant pour la furtivité infrarouge.
Le coût unitaire estimé d’un SU-57 s’élève à environ 35 millions d’euros, soit environ 3,5 milliards de roubles russes, inférieur au coût d’un F-35 (environ 80 millions d’euros), mais avec des compromis technologiques qui limitent sa furtivité de 5e génération.
L’armement embarqué : modularité, engagement longue portée et missiles hypersoniques
Le SU-57 dispose de six soutes internes et de huit points d’emport externes. L’armement de base comprend le missile air-air R-77M à guidage radar actif, avec une portée de 160 km, ainsi que le missile R-74M2 à courte portée. Ces missiles sont conçus pour être utilisés depuis les soutes afin de maintenir un profil radar réduit.
L’appareil peut également tirer le missile air-sol Kh-59MK2, à guidage inertiel et terminal IR, avec une portée de 300 km. Le SU-57 est compatible avec le missile hypersonique Kh-47M2 Kinzhal (vitesse supérieure à Mach 10), bien que cet armement reste limité à certaines configurations. Une version furtive du missile air-air à très longue portée R-37M (portée de 400 km) est également en intégration.
L’armement est modulable selon la mission : supériorité aérienne, attaque au sol, interception à longue portée. Une version drone du SU-57, pilotée à distance, est en développement conjoint avec le drone de combat S-70 Okhotnik-B. Cette intégration vise à créer un écosystème tactique homme-machine, avec le SU-57 servant de coordinateur avancé.
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