La Russie reçoit ses premiers Su-35S de 2025. Analyse technique de la livraison, des capacités des chasseurs et des enjeux de production.

La United Aircraft Corporation (UAC), sous l’égide de Rostec, a livré en mars 2025 le premier lot de chasseurs Su-35S aux forces aérospatiales russes (VKS). Ces appareils de génération 4++, testés en usine et validés par des techniciens militaires, intègrent des moteurs à contrôle numérique et des systèmes d’armes avancés. Conçus pour la supériorité aérienne et les frappes au sol, ils offrent une portée opérationnelle étendue, jusqu’à 3 600 km. Vladimir Artyakov, de Rostec, souligne leur polyvalence, tandis que Vadim Badekha, d’UAC, annonce une accélération de la production des Su-34, Su-35 et Su-57, soutenue par des investissements dans les infrastructures et la formation. Cette livraison renforce la modernisation de la VKS, malgré les pressions économiques et industrielles.

Livraison des Su-35S : une étape clé pour la VKS

La United Aircraft Corporation (UAC) a remis en mars 2025 le premier lot de chasseurs Su-35S de l’année aux forces aérospatiales russes (VKS). Ces appareils, fabriqués à l’usine de Komsomolsk-on-Amur, ont subi un cycle complet de tests en usine, incluant des essais au sol et en vol dans diverses conditions opérationnelles. Les techniciens militaires ont validé leur conformité avant leur transfert vers une base désignée, dont l’emplacement reste confidentiel. Cette livraison s’inscrit dans le cadre du plan de défense national, visant à maintenir la capacité aérienne russe face aux pertes subies, notamment en Ukraine, où plus de 120 avions ont été abattus depuis 2022 selon des estimations indépendantes.

Le Su-35S, version modernisée du Su-27, pèse 34,5 tonnes au décollage et atteint une vitesse maximale de 2 500 km/h (Mach 2,25). Sa production annuelle varie, mais en 2024, quatre lots ont été livrés, soit environ 8 à 12 appareils, chaque lot comptant typiquement 2 à 3 unités. Cette cadence reflète une industrie sous tension, avec un coût unitaire estimé à 40 millions d’euros, hors armement. Les conséquences sont directes : chaque livraison renforce la VKS, mais le rythme reste insuffisant pour compenser les pertes rapides en combat, obligeant une priorisation des missions critiques comme la couverture des bombardiers Su-34.
L’impact va au-delà du champ de bataille. Cette livraison signale la résilience de l’industrie russe face aux sanctions occidentales, qui limitent l’accès aux composants électroniques avancés. Les retards dans les livraisons de pièces propriétaires, comme les radars Irbis-E, soulignent une dépendance persistante à des chaînes d’approvisionnement fragiles.

Russie : nouvelle livraison de chasseurs Su-35S en 2025

Capacités techniques du Su-35S : un atout polyvalent

Le Su-35S se distingue par ses caractéristiques techniques avancées, le positionnant comme une plateforme de transition vers les systèmes de cinquième génération. Ses moteurs AL-41F1S, dotés de poussée vectorielle, génèrent chacun 142 kN avec postcombustion, contre 122 kN pour les anciens AL-31F du Su-27. Cette amélioration accroît la maniabilité, permettant des virages serrés à 9 g, un avantage tactique en combat rapproché. Le contrôle numérique des moteurs optimise aussi la consommation, portant la portée à 3 600 km sans ravitaillement, extensible à 4 500 km avec des réservoirs externes.

L’armement inclut un canon GSh-30-1 de 30 mm (150 obus) et 12 points d’emport pour missiles air-air (R-77, R-37M) et air-sol (Kh-29, bombes KAB-500**), totalisant 8 tonnes de charge utile. Le radar Irbis-E, de type PESA, détecte des cibles à 350 km, bien que moins performant que les radars AESA des F-35 ou Su-57. Ces capacités en font un appareil polyvalent, capable de missions de supériorité aérienne, d’attaque au sol et de reconnaissance, même par mauvais temps, grâce à ses systèmes infrarouges.

Les conséquences opérationnelles sont significatives. En Syrie, dès 2016, les Su-35S ont assuré la protection des Su-34, abattant des drones et des chasseurs adverses à longue distance. Cependant, en Ukraine, leur vulnérabilité aux défenses antiaériennes modernes, comme les S-300 ukrainiens, a été exposée, avec au moins trois pertes confirmées en 2024. Cette dualité – puissance brute contre limites face aux menaces évoluées – impose une réévaluation des tactiques et une dépendance accrue aux contre-mesures électroniques.

Accélération de la production : ambitions et réalités

Vadim Badekha, directeur d’UAC, a annoncé une priorité claire : augmenter la production des Su-34, Su-35 et Su-57. En 2024, 14 lots de ces modèles ont été livrés, soit environ 25 à 35 appareils, selon les estimations basées sur les déclarations passées. Pour 2025, UAC vise une hausse de 20 %, nécessitant des investissements massifs. Le coût de modernisation des usines, comme celle de Komsomolsk-on-Amur, avoisine 1 milliard d’euros sur cinq ans, financé par Rostec et le budget fédéral.

Cette accélération répond à une urgence stratégique. Les pertes en Ukraine – environ 10 Su-35S abattus depuis 2022 – exigent un renouvellement rapide. Pourtant, la capacité actuelle plafonne à 30 appareils par an tous modèles confondus, loin des 200 Su-35 initialement visés d’ici 2030. Les goulets d’étranglement incluent la formation des techniciens – 10 000 heures par opérateur pour maîtriser les systèmes avancés – et la pénurie de semi-conducteurs, aggravée par les sanctions. UAC recrute activement, avec 2 000 nouveaux employés en 2024, mais le déficit de main-d’œuvre qualifiée persiste.

Les conséquences sont doubles. À court terme, la VKS maintient une force crédible, mais à long terme, la Russie risque de stagner face à des concurrents comme les États-Unis, produisant 100 F-35 annuels. L’exportation, avec des clients comme l’Iran (24 Su-35S commandés en 2023), devient une soupape économique, générant environ 1 milliard d’euros, mais elle dilue les ressources disponibles pour la VKS.

Russie : nouvelle livraison de chasseurs Su-35S en 2025

Enjeux stratégiques : modernisation sous pression

Le Su-35S est au cœur de la stratégie de modernisation de la Russie. Avec 110 unités en service fin 2022, il représente 20 % de la flotte de chasseurs modernes de la VKS. Sa production soutient une industrie employant 50 000 personnes chez UAC et Rostec, mais les défis sont immenses. Les sanctions limitent l’accès aux technologies étrangères, forçant une localisation coûteuse – le prix des composites pour les ailes a bondi de 30 % depuis 2022.

Sur le plan militaire, le Su-35S renforce la dissuasion face à l’OTAN, mais ses lacunes – absence de furtivité et radar PESA – le rendent moins compétitif face aux F-22 ou F-35. En Ukraine, il excelle dans les frappes à longue portée (jusqu’à 300 km avec le R-37M), mais sa survie dépend de la couverture par des systèmes sol-air comme le S-400. À l’export, son prix attractif ( 40 millions d’euros contre 80 millions pour un F-35) séduit, mais les retards de livraison, comme avec l’Égypte en 2020, ternissent sa réputation.

Les conséquences géopolitiques sont claires : la Russie maintient une posture offensive, mais sa dépendance aux Su-35S, faute d’un Su-57 produit en masse (moins de 20 unités opérationnelles), révèle une transition inachevée vers la cinquième génération, fragilisant sa position à long terme.

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