Les États-Unis réorientent leur politique étrangère, se désengageant de l’Europe et du Moyen-Orient pour concentrer leurs efforts sur l’Asie, face à la montée en puissance de la Chine.
Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis ont amorcé un retrait progressif des régions européennes et moyen-orientales, invitant leurs alliés à assurer leur propre sécurité. Cette réorientation stratégique vise à concentrer les ressources américaines sur l’Asie, en réponse à l’influence croissante de la Chine. Les implications de ce pivot sont vastes, affectant les alliances traditionnelles, la stabilité régionale et l’équilibre des puissances mondiales.
Les États-Unis redéfinissent leur présence internationale
Depuis l’investiture du président Donald Trump, les États-Unis ont entrepris une réévaluation de leur rôle sur la scène internationale. Cette démarche s’est traduite par des actions concrètes visant à réduire leur engagement dans certaines organisations internationales. Le 4 février 2025, un décret présidentiel a officialisé le retrait des États-Unis de plusieurs instances des Nations unies, notamment du Conseil des droits de l’homme, où ils occupaient le statut d’observateur. Cette décision s’inscrit dans une volonté de recentrer la politique étrangère américaine sur des priorités jugées plus alignées avec ses intérêts nationaux.
Parallèlement, l’administration Trump a suspendu le financement de l’Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Cette mesure fait suite à des accusations portées par Israël en janvier 2024, selon lesquelles certains employés de l’UNRWA auraient été impliqués dans des attaques du Hamas en octobre 2023. Ces décisions reflètent une volonté de l’administration américaine de réévaluer son implication financière et politique au sein des organisations internationales, en fonction de leurs actions et de leur alignement avec les intérêts américains.
Le pivot stratégique vers l’Asie
La stratégie américaine de recentrage vers l’Asie, initiée sous l’administration Obama en 2011, a été renforcée sous la présidence de Donald Trump. Ce pivot vise à concentrer les efforts diplomatiques, économiques et militaires des États-Unis sur la région Asie-Pacifique, en réponse à l’essor économique et militaire de la Chine. Cette réorientation stratégique a conduit à un désengagement progressif des États-Unis au Moyen-Orient, permettant une allocation plus efficace des ressources vers l’Indo-Pacifique.
Cependant, ce pivot n’est pas sans défis. Les réductions budgétaires dans le secteur de la défense ont limité la capacité des États-Unis à accroître leur présence militaire en Asie. De plus, cette stratégie a contribué à la détérioration des relations avec Pékin, la Chine percevant ce repositionnement comme une tentative de containment. Malgré ces obstacles, les États-Unis ont cherché à renforcer leurs alliances dans la région, notamment avec le Japon, la Corée du Sud et l’Australie, pour contrer l’influence croissante de la Chine.
Conséquences pour l’Europe et l’OTAN
Le désengagement américain a suscité des inquiétudes parmi les alliés européens. Depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis ont joué un rôle central dans la sécurité européenne, notamment à travers l’OTAN. Cependant, des critiques récurrentes ont été émises concernant le faible niveau de dépenses militaires des pays européens. En 2011, le secrétaire à la Défense de l’époque, Robert Gates, avait déjà exprimé des préoccupations quant à la dépendance excessive de l’Europe vis-à-vis des États-Unis pour sa défense.
Face à la perspective d’un retrait américain, certains pays, comme la Pologne et les États baltes, ont augmenté leurs dépenses militaires et renforcé leurs capacités de défense. Cependant, en Europe de l’Ouest, les réponses ont été plus limitées, avec des augmentations budgétaires modestes et des débats politiques internes sur la nécessité d’une défense européenne autonome. Cette situation met en lumière la nécessité pour l’Europe de repenser sa stratégie de défense et de réduire sa dépendance envers les États-Unis.
Implications pour le Moyen-Orient
Le retrait américain du Moyen-Orient a des implications majeures pour la stabilité de la région. Les États-Unis ont longtemps joué un rôle de médiateur et de garant de la sécurité dans cette zone, notamment en soutenant des alliés clés comme Israël et l’Arabie saoudite. Cependant, avec le recentrage vers l’Asie, les pays du Moyen-Orient sont encouragés à prendre en main leur propre sécurité et à résoudre les conflits régionaux sans l’intervention directe des États-Unis.
Cette nouvelle approche a conduit à des initiatives régionales pour gérer des crises comme celle de Gaza. Les pays arabes sont désormais incités à élaborer des plans pour la reconstruction de Gaza et à déployer des forces de maintien de la paix pour assurer la stabilité. Cependant, ces efforts se heurtent à des défis importants, notamment des rivalités internes, des ressources limitées et une méfiance persistante entre les différents acteurs régionaux. La question palestinienne demeure un point de tension majeur, avec des propositions controversées, comme le transfert de populations vers la Jordanie et l’Égypte, suscitant des réactions vives et des rejets catégoriques de la part des pays concernés.
Conséquences économiques et géopolitiques
Le retrait américain de certaines régions et le pivot vers l’Asie ont des répercussions économiques et géopolitiques significatives. Les pays européens et du Moyen-Orient doivent désormais assumer une plus grande part de leur sécurité, ce qui implique une augmentation des dépenses militaires et une réorganisation des alliances stratégiques. Cette transition pourrait également ouvrir la voie à d’autres puissances, comme la Chine et la Russie, pour accroître leur influence dans ces régions.
Le budget de la défense américain reflète clairement ce changement de priorités. En 2023, le Pentagone a alloué 13,4 milliards d’euros (14,8 milliards de dollars) pour renforcer sa présence militaire en Indo-Pacifique, contre 8,7 milliards d’euros (9,6 milliards de dollars) pour les missions en Europe. Ces fonds sont destinés à moderniser les bases américaines dans la région, notamment à Guam, Okinawa et aux Philippines, ainsi qu’à augmenter les capacités de projection en mer de Chine méridionale.
La montée en puissance de la Chine inquiète Washington sur plusieurs fronts :
- La militarisation de la mer de Chine méridionale avec la construction d’îles artificielles et de bases militaires.
- Le développement technologique rapide, notamment dans l’IA et les semi-conducteurs.
- L’expansion économique via les Nouvelles routes de la soie, qui étendent l’influence chinoise en Afrique, en Amérique latine et en Asie centrale.
Pour contrer cette avancée, les États-Unis misent sur le renforcement de l’alliance AUKUS (Australie, Royaume-Uni, États-Unis) et le Quad (États-Unis, Inde, Japon, Australie). Ce dernier a vu une augmentation de 42 % des exercices militaires conjoints entre ses membres depuis 2021.
La remise en cause de la défense européenne
Le désengagement américain en Europe était prévisible. Dès 2011, Robert Gates, alors secrétaire à la Défense, critiquait les faibles dépenses militaires des Européens. Le point de rupture est venu en 2022, avec l’invasion russe de l’Ukraine, qui a mis en évidence les failles des capacités militaires européennes.
Malgré les promesses d’augmentation des budgets de défense, la plupart des pays de l’OTAN restent loin de l’objectif des 2 % du PIB fixé lors du sommet de l’OTAN de 2014 :
- Allemagne : 1,5 % du PIB en 2023 (même après l’annonce d’un fonds de 100 milliards d’euros pour moderniser la Bundeswehr).
- France : 1,9 % du PIB.
- Italie : 1,4 % du PIB.
Les États-Unis estiment qu’ils ne peuvent plus porter à eux seuls 70 % des dépenses de l’OTAN, soit environ 618 milliards d’euros en 2023. Washington pousse donc ses alliés européens à accroître leurs efforts, notamment en ce qui concerne la dissuasion nucléaire et la cyberdéfense.
Le Moyen-Orient face à une nouvelle donne
L’une des décisions les plus controversées de Donald Trump a été sa proposition de relocaliser deux millions de Palestiniens de Gaza vers la Jordanie et l’Égypte. Cette initiative a suscité une opposition unanime des pays arabes, qui y voient une menace existentielle pour la stabilité régionale.
Les États-Unis ont également réduit leur engagement militaire au Moyen-Orient, avec :
- Un retrait de 60 % des troupes en Irak depuis 2020.
- Une baisse de 40 % du nombre d’avions américains stationnés dans le Golfe.
- La fin du soutien logistique à certaines opérations saoudiennes au Yémen.
L’objectif de Washington est d’inciter ses partenaires arabes à prendre davantage de responsabilités dans la gestion des crises régionales. Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont encouragés à former un front commun contre l’Iran, afin de réduire la nécessité d’une intervention militaire américaine.
Vers un monde multipolaire ?
Le retrait progressif des États-Unis de certaines régions du globe remet en cause l’ordre mondial issu de la Guerre froide. En l’absence de l’hégémonie américaine, de nouveaux pôles de puissance émergent :
- La Chine renforce son influence économique et militaire en Asie et en Afrique.
- La Russie cherche à asseoir son influence en Europe de l’Est et au Moyen-Orient.
- L’Europe tente de bâtir une défense plus autonome, notamment via la coopération franco-allemande.
Cependant, ce désengagement américain reste partiel. Si Washington se retire de certaines missions, ses bases militaires stratégiques restent en place, et son réseau d’alliances demeure un élément central de sa politique étrangère.
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